La créativité numérique à la lumière du soleil levant, une entrevue avec Paul Boyland de Panasonic
Publié le 27 avril 2023 access_time 5 minutesTexte: David Lamarre
Photos: Merryl B. Lavoie
Cet article est présenté grâce au soutien de Panasonic.
Xn Québec et Panasonic s’unissent pour vous présenter les dernières tendances en innovation technologique.
Les producteur.rice.s d’expériences numériques s’étaient donné rendez-vous en grand nombre pour assister au dévoilement des finalistes du gala des PRIX NUMIX, le 13 avril dernier, chez les 7 Doigts de la Main, à Montréal.
Cet événement, présenté avec la participation de Panasonic, coïncidait avec un autre rendez-vous lancé par la marque nippone: Les journées technos. Pour l’occasion, le fabricant japonais présentait ses plus récents projecteurs (et quelques surprises!) aux technophiles d’ici.
Mieux encore, Paul Boyland, était présent dans la métropole pour rencontrer les producteur.rice.s d’expériences numériques de la Belle province. Ce Canadien, diplômé de l’Université York à Toronto, occupe un poste au sein de Panasonic (Media Entertainment Business Division) à Tokyo.
Nous avons profité de l’occasion pour en apprendre davantage sur son parcours, sur le rôle de Panasonic au sein des industries culturelles créatives et sur ses expériences numériques québécoises préférées.
Bonjour Paul! Merci d’avoir pris un moment pour discuter avec nous!
Ça fait plaisir!
Alors, comment avez-vous débuté chez Panasonic ?
Quand j’étais au secondaire et à l’université, j’ai passé du temps au Japon et j’ai appris le japonais. Alors quand je cherchais un emploi à la sortie de l’université, je suis allé à un salon de l’emploi à Boston pour les gens qui parlent anglais et japonais. Panasonic était là et ils m’ont pratiquement offert un emploi sur le champ. Je m’attendais à y aller pendant un an ou deux et ça fait 15 ans maintenant (rires).
Panasonic est une marque d’envergure mondiale. Quel type d’environnement de travail y retrouve-t-on?
Panasonic existe depuis plus de 100 ans maintenant, mais nous avons toujours un sens très fort de la tradition et nous nous assurons de toujours respecter nos valeurs fondamentales. Nous avons aussi une ambiance semblable à une petite compagnie parce que chaque secteur d’activité est géré comme sa propre entreprise plutôt que comme un engrenage de la grande machine Panasonic.
Et justement, plus particulièrement pour votre division, comment contribuez-vous aux industries créatives ?
Notre travail ne se limite pas à la conception des produits. Nous ne faisons pas que du matériel.
Nos clients ont besoin d’aide, par exemple, pour la conception de projections. Ils ont besoin de conseils sur le type de projecteurs, le type de serveurs ou le type de systèmes qu’ils doivent assembler.
Nous essayons donc de travailler avec elles et eux autant que possible dès le début de leurs projets, de la phase d’idéation à l’installation, puis même à travers l’opération afin de faciliter le fonctionnement quotidien.
Donc, aujourd’hui, vous présentez de nouveaux équipements à Montréal. Pourquoi Montréal?
Je pense que Montréal est absolument unique en raison du nombre et de la qualité des créateurs qui se trouvent ici.
Je m’occupe du marché canadien, en particulier du marché montréalais, depuis cinq ans, et j’ai toujours communiqué au Japon à quel point Montréal est un endroit spécial. Ainsi, pour cet événement, nous avons invité neuf personnes du Japon. Et elles ont toutes été extrêmement impressionnées par ce qui se fait ici.
Traditionnellement, pour Panasonic, nos grandes démonstrations ont lieu à Infocom, ISE et d’autres événements de la sorte. Ce sont d’énormes salons où se réunissent 50-70 000 visiteurs. Or je pense que pour notre petit événement ici à Montréal, nous avons accueilli quelques centaines de personnes.
Malgré tout, nous avons probablement rencontré le même nombre de joueurs clés qui cherchent à faire des choses ambitieuses et intéressantes que lors de ces conférences internationales.
Comment la communauté créative d’ici peut-elle aider Panasonic et son département R&D?
Dans le passé, nous ne faisions que créer des produits et espérer que les gens les utiliseraient.
Mais nous avons réalisé — surtout avec la fragmentation du marché — que différentes personnes ont besoin de choses complètement différentes. C’est insensé pour nous de simplement concevoir un produit au Japon, puis de l’expédier et de nous attendre à ce qu’il soit utile aux gens du monde entier.
Il nous est donc très important de parler aux gens qui utilisent nos produits et de découvrir ce dont ils ont besoin maintenant, ce dont ils auront besoin à l’avenir, puis d’essayer de fabriquer des produits qui répondent à ces attentes.
Il faut au moins un an, mais généralement deux à trois ans de développement pour mettre un projecteur sur le marché. Or, il n’y a pas beaucoup de gens qui sont capables d’imaginer ce dont ils auront besoin dans trois ans. Mais je pense que plus les gens sont visionnaires et ambitieux, plus il est probable qu’ils soient en mesure d’avoir ce genre de perspective.
Et comment pouvez-vous aider la communauté créative ici à Montréal?
Il y a tellement de créateurs ici, mais il n’y a qu’un nombre limité de projets qui peuvent être déployés à Montréal. Donc, la plupart des studios se concentrent sur l’exportation de projets à l’extérieur de Montréal, à l’extérieur du Québec et même à l’extérieur du Canada.
Certaines entreprises sont assez grandes pour pouvoir le faire sans problème. Mais beaucoup de créateurs ne peuvent pas facilement soutenir un projet à l’étranger. En tant qu’organisation, Panasonic est bien établie dans le monde entier et nous pouvons soutenir des projets où qu’ils soient.
Par exemple, des gens comme Jeffrey Acres [ndlr: lisez son entrevue ici], qui est ici à Montréal, peuvent être au courant de tous les projets qui se déroulent, savoir ce dont chaque client a besoin et ensuite faire le suivi avec des représentants Panasonic du monde entier.
Et, comme je le disais auparavant, nous pouvons aider avec n’importe quoi, de l’étape de l’idéation jusqu’à l’opération.
À cet égard, pouvez-vous m’en dire plus sur la plateforme de maintenance à distance?
L’idée de ce service est qu’auparavant, avec des projets menés à l’étranger, les créateurs s’y rendaient au moment de l’installation, mettaient en place les choses et tout était beau et fonctionnait bien. Mais au fil du temps, il peut y avoir des pépins qui surviennent. Malheureusement, le personnel local n’a pas toujours les connaissances nécessaires pour résoudre ces problèmes ou ne les remarque même pas.
Donc, ce que nous essayons de faire, c’est de donner un outil de surveillance de l’état des projecteurs. C’est un système infonuagique. Donc, si vous avez un projet n’importe où dans le monde, vous pouvez simplement extraire les informations dans votre navigateur. Vous pourrez voir les diagnostics sur votre écran et vous pourrez, sans avoir besoin d’aller sur place, appeler les responsables locaux et leur expliquer comment résoudre les problèmes.
Et ces dernières années, quels projets Québécois présentés ailleurs dans le monde vous ont le plus impressionné ?
Mon projet préféré employant des projecteurs est Kamuy Lumina de Moment Factory. C’est au parc national Akan Mashu, à l’extérieur, dans une grande forêt. Il y a même des cerfs qui se promènent.
Pour moi, ce qui est vraiment cool, c’est que nous avons d’abord visité l’emplacement pendant la journée et je n’ai même pas remarqué les projecteurs. Du moins, jusqu’à ce qu’on me les pointe du doigt.
Et puis quand nous sommes retournés le soir pour le spectacle, l’espace était transformé en un terrain de jeu multimédia avec une très bonne histoire. C’était vraiment cool.
Nous avons aussi une bonne relation avec MUTEK à Montréal et au Japon. Avec eux, nous avons fait un projet appelé Eternal Art Space à Tokyo. Nous les avons aidés à mettre en place un grand espace immersif au sein du Panasonic Centre à Tokyo. Ils ont ensuite invité des artistes du monde entier à créer du contenu pour l’espace. C’était incroyable parce que nous pouvions voir au même endroit toutes les différentes saveurs de contenu qui pouvaient être créées.
Et puis, bien sûr, il y a MAPP. Ils ont mis un de nos projecteurs sur un vélo et l’ont fait rouler à Montréal mais aussi à Yokohama, au Japon. Il en a résulté une sorte de série de projections impromptues.