Les emplois de demain en créativité numérique
Publié le 29 septembre 2022 access_time 5 minutesMARCHÉ_MAPP, première édition
Un texte de David Lamarre
C’est en plein air, sous un ciel ensoleillé, que s’est tenue la table ronde sur les besoins et les défis des employeurs en créativité numérique, présentée par le festival MAPP_MTL le 22 septembre dernier à l’Entrepôt 77 de Montréal.
Devant une assistance constituée principalement d’étudiant.e.s, Jade Chiasson (directrice des opérations, La boîte interactive), Yanik Daunais (directeur général, Halo Création), Delphine Beauchamp (directrice générale, La Piscine) et Suzanne Guèvremont (directrice de l’École des arts numériques, de l’animation et du design) ont échangé avec l’animateur François Bédard (conseiller senior en innovation durable) sur les enjeux d’embauche, rétention, recrutement et formation qui touchent les industries créatives.
L’importance du savoir-être
Pour les intervenant.e.s réuni.e.s sur scène, le savoir-faire, à lui seul, ne suffit pas pour qu’un.e employé.e se démarque dans une équipe évoluant dans le domaine de la créativité numérique. Il faut aussi faire preuve d’un remarquable savoir-être.
À cet égard, le directeur de Halo Création Yanick Daunais a mentionné que lors d’une entrevue d’emploi, il se concentre d’abord et avant tout sur un aspect des candidat.e.s: leur « attitude ».
Une opinion que partage la directrice des opérations de La boîte interactive Jade Chiasson. Aux étudiants et étudiantes qui se lancent sur le marché du travail, elle a donné ce conseil: « il faut laisser son égo de côté. Il reste beaucoup de choses à apprendre ».
Suzanne Guèvremont, directrice de l’École NAD, en est bien consciente. Ainsi, au sein de l’institution qu’elle administre, « on apprend à apprendre ». « Il y a toujours un nouvel outil, un nouveau logiciel », a-t-elle expliqué.
Or, ce ne sont pas que les employés qui doivent faire preuve de ces qualités. Les employeurs aussi. Delphine Beauchamp, directrice générale de La Piscine, rappela que plusieurs studios de production numérique ont été fondés par des artistes. « Ce sont des créateurs qui décident de devenir employeurs. Ils n’ont pas été formés pour ça », a-t-elle souligné. D’où l’importance du rôle d’accompagnement joué par des incubateurs comme La Piscine.
D’ailleurs, l’accent mis sur l’ouverture d’esprit, les habiletés relationnelles et la polyvalence font écho aux conclusions de l’Étude macrosectorielle des besoins du secteur de l’audiovisuel menée par l’Institut national de l’image et du son (INIS) et publiée en avril dernier.
Se projeter dans le futur
Devant les travailleur.euse.s de demain, l’animateur François Bédard posa la question : « Qu’est-ce qu’on se souhaite comme industrie? »
Les réponses des panélistes ont une fois de plus braqué le projecteur sur l’importance du savoir-être. Au lieu de parler de réalisations ou d’accomplissements, les dirigeant.e.s réuni.e.s sur scène ont plutôt nommé les qualités qu’ils voulaient voir s’implanter dans le milieu de la créativité numérique au fur et à mesure que cette industrie évolue.
Suzanne Guèvremont a évoqué qu’il y aura « une grande transformation des métiers » dans un futur rapproché. Il faudra ainsi que les gens de l’industrie développent leurs « soft skills ». De son côté, Jade Chiasson a émis le souhait que les studios et les institutions continuent de collaborer les uns avec les autres. Yanik Daunais a quant à lui fait le vœu que les créateurs numériques demeurent audacieux, voire « patenteux ». À cette ingéniosité, Delphine Beauchamp aimerait jumeler une certaine rigueur.
Plus concrètement, Suzanne Guèvremont a mentionné que le ministère de l’Enseignement supérieur « encourage les secteurs identifiés comme secteur d’avenir, comme la créativité numérique ». Elle a invité les étudiants et étudiantes à s’informer sur le programme Bourses perspectives Québec.
Au niveau de l’aide gouvernementale, Yanik Daunais croit toutefois que les « crédits d’impôt […] ont besoin d’être revus ». L’animateur François Bédard partage pleinement cette opinion, avançant lui aussi qu’une réforme de ce programme serait la bienvenue.
Le métavers et la télévision 3D
Un étudiant, citant en guise d’exemple l’abandon de la télévision 3D, a questionné les panélistes sur les leçons à tirer du passé sur l’adoption des nouvelles technologies.
Prenant la balle au bond, l’animateur François Bédard a proposé que « le débat du métavers est complètement là-dedans ». À ses yeux, quand il est question de l’usage d’une nouvelle technologie, « le pourquoi est plus important que le comment ».
En une phrase, Thien Vu Dang, fondateur de MAPP_MTL a expliqué clairement son opinion sur le sujet : « La télé 3D, c’est une création des manufacturiers. La projection mapping, c’est les artistes qui l’ont créée. »
La première édition du MARCHÉ_MAPP
Cette table ronde faisait partie du MARCHÉ_MAPP, le nouveau volet d’échanges professionnels du festival de mapping vidéo MAPP_MTL, présenté en collaboration avec la Caisse Desjardins de la Culture et propulsé par Panasonic.
La liste complète des intervenant.e.s invité.e.s à cet événement était impressionnante. On y retrouve plusieurs joueur.euse.s clé.e.s de cette industrie à Montréal dont, entre autres, Martin Laviolette (président-directeur général, H2Emotion), Anne Le Bouyonnec (directrice de projets, Expertise et métiers, SYNTHÈSE – Pôle Image Québec), Marie-Claude Langevin (commissaire, Bureau d’art public, Ville de Montréal), Daniel Iregui (artiste numérique et fondateur, Iregular), Melissa Mongiat (artiste et cofondatrice, Daily tous les jours) et Alice Pouzet (directrice artistique, MASSIVart).
Si la création numérique dans l’espace public vous intéresse, rendez-vous au MARCHÉ_MAPP l’an prochain.