Les trois ingrédients du succès de l’écosystème créatif taïwanais


Les trois ingrédients du succès de l’écosystème créatif taïwanais

Publié le 23 juin 2023    access_time 5 minutes

Texte: Philippe Bédard

D’année en année, les œuvres taïwanaises se démarquent sur le circuit des festivals. Cette tendance s’est concrétisée avec le décernement du prix de la meilleure expérience à The Man who Couldn’t Leave (Singsing Cheng, 2022) lors de la Biennale de Venise en 2022. Qu’est-ce qui fait de Taïwan une source si fertile de créativité et de qualité?

C’est pour répondre à cette question que nous nous sommes rendus au Centre PHI le 6 juin dernier pour assister au panel « Taïwan à l’avant-garde des arts numériques ». Voici ce qu’il faut retenir de la discussion.

Une discussion à deux volets

Lors de cette conversation animée par Myriam Achard, nous avons pu entendre les artistes derrière les œuvres présentées au Centre PHI dans l’exposition Chaos et Mémoire depuis le 22 mars dernier, soit Singing Chen (The Man who Couldn’t Leave), Craig Quintero (All That Remains), Fish Wang (Red Tail) et Kuan-Yuan Lai (Missing Pictures Episode 2: Tsai Ming-Liang, The Seven-Story Building). Min-Wei Kuo était également présente pour représenter la Taiwan Creative Content Agency (TAICCA), un organisme qui a pour mission de soutenir le développement de l’industrie créative taïwanaise.

Autrement dit, la discussion était animée par deux points de vue complémentaires : celui des artistes et celui des organismes de soutien. Dans un premier temps, il était très intéressant d’entendre les quatre artistes expliquer ce que leur pratique antérieure leur ont permis d’apporter lors de leurs premières créations en réalité virtuelle. Que ce soit le théâtre, l’animation traditionnelle ou la sculpture, chacun.e des panélistes nous a parlé de ce que la réalité virtuelle leur a permis de faire, mais aussi des défis que ce nouveau médium impose.

Craig Quintero a généreusement partagé plusieurs diapositives détaillant les caractéristiques uniques de la RV (vidéo 360° plus spécifiquement), mais aussi certaines des contraintes les plus importantes. La plus grande limite (elle était répétée trois fois sur la diapo !) était bien évidemment financière. 

Soutien, Soutien, Soutien

C’est bien grâce au soutien financier et organisationnel que tant d’artistes taïwanais.e ont pu faire leurs premiers pas en réalité virtuelle, et ce, peu importe leur discipline d’origine. Depuis plusieurs années, le Kaohsiung VR FILM LAB organise des ateliers pour introduire les artistes de toutes disciplines à Taïwan aux technologies immersives.

Dans le cadre d’une entrevue que nous avons réalisée en 2021 intitulée « Points de vue sur la Distribution XR — Sebox Hong (VR FILM LAB, Taïwan) », ce dernier nous expliquait d’ailleurs que l’organisme dotait les artistes de fonds de départ pour se lancer dans la production d’une œuvre. Le VR FILM LAB avait aussi l’habitude d’inviter des studios étrangers à venir partager leur expertise, mais aussi d’envoyer des délégations taïwanaises dans des événements internationaux.

The Man who Couldn’t Leave (Singsing Cheng, 2022)

Le soutien ne s’arrête pas là. Depuis 2019, TAICCA assure aussi le rayonnement des créations taïwanaises. Cela passe par plusieurs moyens, que ce soit en proposant des résidences de création, en facilitant des coproductions internationales, ou en offrant une visibilité aux artistes dans tous les grands événements du domaine. 

La clé du succès

Craig Quintero nomme deux points majeurs qui contribuent au succès des créations taïwanaises depuis plusieurs années. Premièrement, il y a le fait de pouvoir compter sur une compagnie de production (en l’occurrence Funique) qui assure un niveau de qualité technique et qui joue un rôle de mentor pour cette jeune industrie. Or, son deuxième point est encore plus important : c’est le fait que le gouvernement taïwanais offre un soutien si robuste qui permet à l’industrie de s’épanouir. 

En réponse à une question du public sur la meilleure façon de soutenir l’industrie, Min-Wei Kuo répond qu’il faut d’abord et avant tout investir plus de moyens. Comment et où concentrer ces investissements? La cheffe de projet de TAICCA précise qu’au final c’est à tous les niveaux de la chaîne de création et de valorisation que plus d’investissements sont nécessaires.

Autrement dit, la recette du succès de l’industrie créative taïwanaise semble se résumer à trois ingrédients :

  • Soutien au développement
  • Soutien à la production (et à la coproduction)
  • Soutien à la promotion

Et vous, quelles leçons pensez-vous qu’il faut tirer de l’écosystème créatif taïwanais? Comment l’industrie québécoise pourrait-elle s’inspirer de ce petit joueur qui frappe fort sur la sphère internationale?

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