L’impact environnemental de la publicité : vers une transformation responsable avec Allia et Masse Critique


L’impact environnemental de la publicité : vers une transformation responsable avec Allia et Masse Critique

Publié le 5 juillet 2023    access_time 5 minutes

Texte de David Lamarre

« Mieux on fait notre métier, plus mal se porte la planète. »

Tel est le lourd constat que porte Valérie Vedrines concernant l’impact environnemental des campagnes publicitaires.

C’est en réponse à cette « dissonance cognitive » qu’elle a décidé de fonder Masse Critique, un OBNL qui a pour objectif de « provoquer la transformation durable et responsable de l’industrie des communications par l’éducation et la co-création de nouveaux standards ».

Le 17 mai 2023, à la Maison du développement durable à Montréal, Valérie Vedrines est venue présenter les grandes lignes d’une étude sur les émissions de l’influence publicitaire à une audience invitée par Allia, l’alliance des femmes des industries créatives.

S’en est suivi un panel de discussion animé par Fanny Eliaers auquel se sont jointes Anne-Marie Leclerc (LG2), Alia Abouzeid (Cossette), Laurence Delwaide (Canidé), Mélodie Karama (Republik) et Sarah Patier (TUX Karma).

Retour sur ces discussions à la fois importantes, inspirantes et éclairantes.

Masse Critique, le vert est plus qu’un pantone

On le sait, des changements sociétaux seront nécessaires pour réduire l’impact environnemental de la population humaine. En effet, la surconsommation et d’autres habitudes de vie malsaines peuvent être pointées du doigt pour une grande partie des dommages causés à la santé de la planète.

Or, si les communications marketing et l’influence publicitaire ont rendu possible ce triste état de fait, on peut aussi imaginer comment ces mêmes outils peuvent changer les choses pour le mieux. Comme le mentionne Valérie Vedrines, les professionnel.le.s des communications peuvent utiliser leur expertise pour « normaliser un mode de vie plus raisonnable ».

En apparence, la solution est simple: afin de transformer pour le mieux les industries, il faut réduire les dépenses dans les catégories polluantes et augmenter les dépenses sur les marques durables.

Plus concrètement, Masse Critique propose à ses membres une calculatrice carbone qui mesure l’impact des campagnes marketing. À cet égard, il est important de rappeler qu’il ne faut pas comptabiliser que l’impact du tournage et de la diffusion des messages publicitaires, mais aussi celui de « l’augmentation des ventes que la publicité crée ».

L’environnement: parlons-en!

Au terme de la présentation de Valérie Vedrines, Fanny Eliaers a pris le relais pour animer un panel de discussion réunissant des femmes au parcours remarquables: Anne-Marie Leclerc (LG2), Alia Abouzeid (Cossette), Laurence Delwaide (Canidé), Mélodie Karama (Republik) et Sarah Patier (TUX Karma).

En amorce de discussion, Sarah Patier y est allée d’une remarque brutale: il y a « un effet de paralysie face à la grosseur du problème ». Autant les créatif.ve.s que les administrateur.rice.s sont intimidé.e.s par l’ampleur de la tâche et ne savent pas par où commencer.

Inversement, Anne-Marie Leclerc mentionnait: « Nous avons 500 employés avec une moyenne de 30 ans. Ils sont exigeants et forcent des changements de l’intérieur ».

Du coup, Alia Abouzeid suggère un point de départ: commencer par concentrer ses achats médias sur des plateformes qui sont moins polluantes. Dans le même ordre d’idée, Sarah Patier souligne la pertinence de l’outil de calcul des gaz à effet de serre proposé par B Corp ainsi que la formation offerte par le Conseil des Industries durables pour bien se familiariser avec la question de la transition carbone. Toutefois, comme on le mentionnait plus tôt, la nature même d’une campagne publicitaire est bien souvent de faire croître les ventes et cette augmentation provoque à son tour davantage de pollution.

La solution passe peut-être par ce que les expert.e.s du marketing font le mieux, soit influencer la consommation. En effet, Laurence Delwaide croit au pouvoir des professionnel.le.s de son milieu pour provoquer un changement de comportement. Valérie Vedrines abonde dans le même sens et insiste sur le fait « qu’il ne faut pas avoir peur de communiquer » sur le sujet de l’environnement. Certes, on ne veut pas que les marques fassent du greenwashing, mais on ne souhaite pas davantage qu’elles en fassent un tabou et que ça devienne du green hushing. La sensibilisation de toutes les parties prenantes est essentielle pour susciter une prise de conscience quant à la nécessité de se transformer.

On ne veut pas que les marques fassent du greenwashing, mais on ne souhaite pas davantage qu’elles en fassent un tabou et que ça devienne du green hushing.

De son côté, Anne-Marie Leclerc mentionne que LG2 a travaillé de concert avec Éco Entreprises Québec pour rédiger une Guide de l’écoconception en emballage. Elle évoque aussi que dorénavant, les redditions de compte des entreprises devront prendre en considération les variables environnementales et sociétales. En réglementant ainsi l’accès aux capitaux, on peut s’attendre à une plus grande sensibilité des entreprises en ce qui concerne l’environnement.

« Le marketing au service de la planète »

À n’en point douter, les participantes au panel de discussion sont d’accord avec la proposition mise de l’avant par Valérie Vedrines de Masse Critique. Il faut « normaliser un monde de vie plus raisonnable », résume-t-elle. En somme, il est plus que temps de « mettre le marketing au service de la planète ».

Si ces préoccupations et conclusions sont valables pour le monde des agences créatives, elles le sont tout autant dans le monde des industries créatives culturelles.

À preuve, le gala des PRIX NUMIX, le concours qui récompense l’excellence en créativité numérique du Québec, a octroyé son grand prix à la websérie Vidanges, une œuvre qui a reçu le niveau Excellence de l’accréditation On tourne vert mise en place par le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), le Conseil québécois des événements écoresponsables (CQEER) et Québecor.

Pour faire changer les choses, il n’y a pas que le marketing qu’il faudra mettre au service de la planète, mais bien la créativité sous toutes ses formes.

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