Les PRIX NUMIX, c’est encourager la relève


Les PRIX NUMIX, c’est encourager la relève

Publié le 2 mai 2024    access_time 5 minutes

Alors que les PRIX NUMIX célèbrent leurs 15 ans, nous avons interviewé plusieurs créateur.rice.s et studios ayant participé aux éditions précédentes. Un aperçu de l’évolution de l’industrie, une façon de s’investir pour l’industrie, un tremplin pour certain.e.s. À travers ces entrevues, Jenny Cartwright, Cédric ChabuelNicolas Roy et Valérie St-Jean partagent avec nous leur parcours et leurs perspectives sur ce concours qui récompense l’excellence de la créativité numérique.

Jenny Cartwright
Documentariste | artiste audio
Jenny Cartwright explore les thèmes de l’autodétermination et des inégalités à travers des sujets comme la gentrification, le militantisme, le travail et la pauvreté. C’est à travers ce parti pris pour les personnes mises à l’écart qu’elle tente d’allier poésie et manifestes. En 2019, elle réalise son premier documentaire sonore, Debouttes!, récompensé par le prix NUMIX du meilleur balado catégorie histoire.
En 2022, Quels morceaux de nous la tempête a-t-elle emportés avec elle? remporte le NUMIX international, catégorie expérience immersive sonore.
Son premier film, Je me souviens d’un temps où personne ne joggait dans ce quartier, a été récompensé du prix RÉAL de l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ), catégorie art & essai.
Jenny est co-programmatrice de la plage ÉCOUTE de tënk.ca, et du volet sonore des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM).

Cette année nous célébrons les 15 ans des PRIX NUMX. Comment l’industrie a évolué au fil des ans ?

Jenny Cartwright (JC) : J’ai réalisé le premier documentaire sonore produit par Télé-Québec en 2019. À l’époque, il n’existait pas de financement pour ce genre de production. Cinq ans plus tard, les conseils des arts l’ont inclus dans les disciplines qu’ils soutiennent, tënk.ca et les RIDM en diffusent, des formations sont régulièrement offertes.

Et le public est au rendez-vous.

Vous avez participé à quelle(s) édition(s) des PRIX NUMIX ?

JC : J’ai remporté le NUMIX du meilleur balado catégorie histoire en 2020 pour Debouttes!.
J’ai été finaliste catégorie fiction et expérimental en 2022 pour Création de richesse / Labour of Love. J’ai remporté le prix international, catégorie expérience immersive et parcours sonore en 2022 pour Quels morceaux de nous la tempête a-t-elle emportés avec elle?, qui était aussi en nomination dans la catégorie meilleur balado catégorie enjeu de société.

J’ai aussi fait partie du jury pour les balados documentaires en 2021.

Est-ce que votre participation a eu un impact positif dans l’évolution de votre carrière ou pratique ?

JC : Oui! Malgré les avancées évoqués, le documentaire sonore est encore un genre marginal au Québec. Les NUMIX ont permis de faire connaître le genre, ainsi que mon travail. Et, même s’il est impossible de le mesurer concrètement, j’ai la forte impression que cette reconnaissance a facilité l’obtention de bourses et de résidences.

Des créatrices émergentes ont aussi sollicité mon aide, et j’ai agit depuis à titre de conseillère sur quelques projets sonores.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes créateurs qui souhaitent se lancer dans la production de balado ?

JC : En écouter, beaucoup! Je suis régulièrement contactée par des gens qui veulent de l’aide avec leurs projets, et qui sont incapables de me nommer des créations sonores qui les inspirent.

Pouvoir faire entendre des exemples à des collaborateur.trices est déterminant dans une production : par exemple, le ton recherché au narrateur, ou l’effet sonore qu’on tente de reproduire à la conceptrice sonore.

En 2014, Ezra Winton, alors programmateur de Cinéma politica Concordia écrivait dans son Programmers Rant : « If you haven’t watched at least 100 documentaries before making your own, then don’t make your goddammed documentary until you have. Please note that some are and will be an exception to this rule, but they are so few that I see no reason to amend this point to say anything than other that which it suggest: do you homework ».

Je le cite régulièrement.

Aussi, il n’est pas nécessaire d’attendre d’avoir les ressources financières nécessaires pour entreprendre une production – on les a rarement. Si vous voulez faire de la création sonore, apprenez à faire la prise de son et le montage… et lancez-vous.

En 2002, Chris Marker écrivait : « La pauvreté des moyens qui est (au moins dans mon cas) plus souvent question de circonstances que de choix, ne m’a jamais paru devoir fonder une esthétique, et les histoires de Dogme me sortent par les yeux. C’est plutôt à titre d’encouragement pour jeunes cinéastes démunis que je mentionne ces quelques détails techniques : le matériel de La jetée a été créé avec un appareil Pentax 24/36, et le seul passage tourné « cinéma », celui qui aboutit au battement d’yeux, avec une caméra 35 mm Arriflex empruntée pour une heure. Sans soleil a été tourné intégralement avec une caméra Beaulieu 16 mm, muette […] et un petit magnétophone à cassettes – même pas un Walkman, qui n’existait pas encore… Le seul élément sophistiqué – pour l’époque – était le synthétiseur d’image Spectre, également emprunté pour quelques jours. Ceci pour dire que les outils de base de ces deux films étaient littéralement à la portée de n’importe qui. Je n’en tire pas une sotte gloriole, seulement la conviction qu’aujourd’hui, avec en plus l’ordinateur et les petites caméras DV, hommage involontaire à Dziga Vertov, un cinéaste débutant n’a aucune raison de suspendre son destin à l’imprévisibilité des producteurs ou l’arthritisme des télévisions.»

Il n’est pas nécessaire d’attendre d’avoir les ressources financières nécessaires pour entreprendre une production – on les a rarement. Si vous voulez faire de la création sonore, apprenez à faire la prise de son et le montage… et lancez-vous.

Jenny Cartwright, Documentariste | artiste audio

Enfin, une anecdote de votre passage aux NUMIX ? 

JC : En 2022, j’étais au festival DOC-Cévennes / Festival international du documentaire de Lasalle pendant que David Cherniak, producteur de Quels morceaux de nous la tempête a-t-elle emportés avec elle? et coréalisateur de Création de richesse / Labour of Love, était au gala des NUMIX. Nous cumulions trois nominations. Il m’envoyait les résultats par Messenger au fur et à mesure, et je suivais, à 3h du matin dans le silence de la maison, le gala à distance. Puis mon téléphone s’est mis à vibrer! J’ai su que nous avions gagné en recevant les félicitations d’ami.es qui étaient sur place pendant qu’il était sur scène pour accepter notre trophée.

À propos des PRIX NUMIX

Depuis 2010, le concours des PRIX NUMIX récompense l’excellence des contenus numériques du Québec. Cette reconnaissance attribuée par les pairs, soit différents jurys composés de professionnel.le.s issu.e.s des milieux culturel et numérique, contribue à faire des PRIX NUMIX un moment privilégié qui dépasse maintenant l’enjeu d’un simple concours. Chaque édition offre l’occasion aux producteur.rice.s et artisan.ne.s de se rencontrer, d’échanger, de porter un regard critique sur les réalisations de l’année, d’observer les tendances de l’heure et, ce faisant, d’ouvrir la voie à des développements inédits.

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