Résidence créative à la Charpente des fauves
Publié le 7 février 2023 access_time 5 minutesUn texte de David Lamarre, photos de Merryl B. Lavoie
Jumeler des artistes avec des producteur.trice.s d’expériences numériques. Leur offrir les conditions gagnantes pour créer une œuvre commune. Promouvoir le fruit de leur travail. Tels sont les éléments clés de la mission du JAM 360, une initiative de Xn Québec.
Cette année, le thème imposé est celui de la création jeunesse. Du 16 au 19 janvier dernier, dans l’enceinte de la Charpente des fauves à Québec, des artistes ont travaillé de concert avec des membres de la communauté technocréative pour développer 3 projets qui seront présentés le 25 février dans le cadre du Mois Multi, le festival international d’art électronique et multidisciplinaire de Québec.
Résidence de création à La Charpente des fauves
Le centre de création multidisciplinaire La Charpente des fauves fourmillait d’activités le 17 janvier dernier lors de ma visite.
Derrière sa modeste façade de la rue Christophe-Colomb Est du Quartier St-Roch à Québec, j’ai découvert 3 laboratoires de création en pleine effervescence.
Octocosm[e]
En montant vers le troisième étage, on pouvait entendre les échos intrigants d’une sonorité électronique. En passant la porte du local, j’ai aperçu la source: un ordinateur que le musicien Vincent Fillion s’affairait à paramétrer et qui fera partie de son projet: Octocosm[e].
«Octocosm[e], c’est un instrument-installation, nous explique Vincent. L’idée c’est de créer un instrument de musique numérique et de le mettre dans les mains des gens. Que ça soit assez simple et convivial pour qu’un enfant ou même quelqu’un qui n’a jamais étudié la musique soit capable de créer avec ça.»
Grâce à différents boutons, régulateurs rotatifs et «sliders», les utilisateur.trice.s pourront composer en temps direct une musique électronique à partir des 8 différentes sources sonores incluses dans l’appareil.
À ses côtés, Louis-Robert Bouchard, du studio Interférences, travaille lui aussi sur un ordinateur. Toutefois, au lieu d’être connecté à des haut-parleurs, il est connecté à huit projecteurs qui bombardent les murs d’images abstraites générées en temps réel.
Le mariage du son et de la lumière est imminent. Bientôt, chaque projecteur sera assigné à une source sonore de l’instrument.
Cette étonnante installation interactive sera offerte au public le 25 février prochain.
Une petite souris futée
Un étage plus bas, l’artiste Lazeni Traoré échange dans la bonne humeur avec Eddy Georges, cofondateur de unstandard Studio. Le sujet de leur discussion : un court métrage d’un genre nouveau.
En effet, Lazeni a imaginé un conte interactif qui mise sur l’interaction vocale pour diriger le protagoniste dans l’histoire.
«Je voulais créer un film pour les enfants durant lequel ils pourraient discuter entre eux, explique Lazeni. On regarde le film et, arrivé à un certain moment, la souris est confrontée à un certain problème et demande de l’aide aux enfants».
C’est alors que les enfants doivent s’entendre sur une solution et la proposer à la souris. L’application, misant sur la reconnaissance vocale, reconnaît la proposition et envoie la petite souris sur la piste choisie.
À partir du conte imaginé par Lazeni Traoré, Eddy Georges travaille sur une série d’images pour établir la direction artistique du projet.
S’appuyant sur le générateur d’images Midjourney, il développe le look des personnages, à commencer par la souris futée. Il développe aussi des images concepts pour les différents environnements où se déroulera l’aventure.
Ces images serviront d’inspiration pour le prototype qui sera réalisé via le moteur graphique Unreal en vue de sa présentation lors du Mois Multi.
Spatialisation sonore dans une scénographie immersive
Dans un autre coin de la Charpente des fauves se trouve un lit à 2 étages, seul élément de décor d’une pièce de théâtre pour enfants qui n’a pas encore vu le jour.
Personne n’y est couché. En effet, le temps n’est pas au repos pour les 4 créateurs qui arpentent le studio d’expérimentation, les oreilles grandes ouvertes.
Ce sont Claudia Blouin, Léo Derivière et Jean-Philippe Côté de la compagnie Doute ainsi que Mathieu Doyon de mirari. Ensemble, ils explorent les possibilités presque infinies de spatialisation sonore.
«On essaie de construire un espace à partir du son, résume Claudio Blouin. On n’a pas une idée d’avance d’où seront les spectateurs, où seront les comédiens, à quoi ressemblera le décor… On essaie vraiment de créer l’espace avec la spatialisation sonore en employant différentes sources».
Oubliez le théâtre comme vous le connaissez, avec une scène, des sièges, un côté cour et un côté jardin. Imaginez plutôt, par exemple, une pièce de théâtre où les spectateur.trice.s sont assis au cœur de l’action. Imaginez que lors de la performance, on puisse entendre les acteur.trice.s, mais aussi des sons provenant d’objets disposés un peu partout autour de l’auditoire. Le tout accompagné par une trame musicale…
Or pour réussir ce tour de force, il n’y a pas de place à l’erreur. D’où l’importance de bien identifier les possibilités d’un système de spatialisation sonore, avec ses forces et ses limites.
Forte de ce savoir, la compagnie Doute pourra préparer une pièce de théâtre jeunesse misant sur une scénographie immersive dont la première version sera bientôt présentée à Québec.
Rendez-vous au Mois Multi
Curieux.se d’en savoir plus? Découvrez les prototypes des trois projets du JAM 360 le 25 février prochain au festival international d’art électronique et multidisciplinaire de Québec dès 14h.