Sommet Xn: retour sur les futurs de la créativité numérique
Publié le 14 septembre 2023 access_time 5 minutesUn texte de David Lamarre
Pour voir plus loin, il faut parfois monter plus haut.
C’est dans cette optique qu’a été imaginé le Sommet Xn, un rendez-vous qui se tiendra le 25 septembre prochain chez Zú. Lors de cet événement, Xn Québec convie «les acteur.rice.s et les institutions des industries culturelles et créatives à imaginer, ensemble, l’avenir de la culture et du divertissement numérique»1.
Or, les participant.e.s ne seront pas laissés.e.s à eux-mêmes au cours de cette aventure. En effet, l’équipe de la Société des demains a jalonné le parcours et sera sur place pour s’assurer que tout le monde puisse contribuer à l’ascension.
D’abord, Catherine Mathys et Catalina Briceño dévoileront une étude prospective « portant sur les futurs possibles de l’industrie de la créativité numérique dans un contexte économique, social et technologique complexe et changeant »2.
Ensuite, la Société des demains a préparé des ateliers collaboratifs qui permettront d’explorer les enjeux actuels à la lumière des projections issues du rapport.
Pour en savoir plus sur ce qui nous attend le jour de l’événement, nous avons discuté avec Catherine Mathys, cofondatrice de la Société des demains.
D’abord, merci d’avoir pris le temps de discuter avec nous du Sommet Xn. Avant toute chose, peux-tu nous parler un petit peu de la Société des demains: qui vous êtes, ce que vous faites, pourquoi vous le faites?
La Société des demains est une jeune entreprise qui a été fondée en 2022. Ce qu’on souhaitait faire avec mes associé.e.s, Patrick Tanguay et Catalina Briceño, c’est d’amener la prospective au Québec.
L’enjeu est ambitieux parce que la prospective, c’est une série de méthodes éprouvées depuis des décennies qui est employée dans d’autres pays, secteurs et industries, mais qu’on retrouve très peu en français et au Québec.
Nous sommes dans un contexte qui n’a jamais été aussi incertain et complexe. Or, il faut trouver un moyen de harnacher cette complexité-là, de mieux la comprendre et de mieux s’adapter.
Sans divulgâcher ce qu’on retrouvera dans l’étude présentée au Sommet Xn le 25 septembre prochain, peux-tu nous en dire plus afin de nous mettre en appétit?
Il y a trois ingrédients essentiels en prospective: il y a les signaux faibles. Il y a les moteurs de changements et il y a les scénarios.
Les signaux faibles, ce sont des petites parcelles du futur qui existent déjà aujourd’hui. Ce sont des expérimentations, ce sont des prototypes ou des façons de faire les choses qui nous permettent d’envisager un futur très différent si ces façons de faire se généralisaient.
Les moteurs de changement, ce sont des courants de fond. Ce sont des mouvements massifs qui ont un impact sur tout le monde, peu importe ce qu’ils font. On parle de développement politique, de crise économique, d’empreinte environnementale, d’enjeux globaux qui ont des incidences, peu importe qu’on le veuille ou non.
Nous générons ensuite des scénarios. Dans le cas qui nous occupe, nous avons utilisé la méthode des quatre archétypes.
Le scénario de base, c’est un scénario qui va tout droit, qui ne surprend personne, qui est une ligne droite avec ce qui se pense aujourd’hui. Si tout ce qui se passe aujourd’hui continue dans la même foulée, voici ce qui pourrait se passer dans 10 ans.
Le scénario de contrainte, c’est un scénario de compromis. On ne peut pas continuer comme on le faisait avant, mais on veut sauver le système en place. Alors comment s’y prend-on pour faire ça?
Le scénario catastrophe se réfère à notre industrie, à notre sujet d’étude. C’est une catastrophe pour notre domaine, comme si le système implosait. Tout ce qui lui permettait d’exister auparavant n’est plus là.
Et le dernier, c’est le scénario de transformation. Là, on est dans un renouvellement… C’est un printemps. Toutes les règles sont nouvelles, mais le système qu’on a déjà connu n’existe plus. On est dans quelque chose qui nous permet de nous réinventer.
Je considère que le scénario est réussi quand il semble à la fois un peu farfelu et crédible. C’est un peu un mélange des deux, parce que si on reste dans notre zone de confort, l’exercice n’en vaut pas la chandelle.
On pourrait aussi se questionner sur cet horizon de temps de 10 ans. Pourquoi 10 ans? Pourquoi pas quatre ou cinq ans? L’horizon de 10 ans est important parce qu’il nous permet d’imaginer des choses qui n’existent pas encore. Et ça, ce n’est pas moi qui le dis. Il y a toutes sortes d’études de flexibilité mentale qui nous permettent d’envisager plus facilement quelque chose qui est complètement en dehors du spectre actuel. Ça nous permet d’accepter plus facilement des changements importants.
Aussi, une fois qu’on a identifié un scénario qu’on juge souhaitable, ça nous donne le temps d’y arriver.
Il faut que j’amène une précision très importante: ce ne sont pas des prédictions. Ni moi, ni personne ne souhaitons que les scénarios alternatifs arrivent tel quel. En prospective, on ne cherche pas à avoir raison, on cherche seulement à mieux se préparer. Il y a peut-être des choses qui vont heurter, qui vont choquer, qui vont générer de l’incrédulité. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose.
Quand on sort de sa zone de confort, c’est là qu’on commence à s’adapter. C’est comme ça que la prospective porte fruit.
Donc, on peut s’attendre à être surpris par le rapport…
Oui! Autant dans la forme que dans le fond.
Il n’y aura pas que le dévoilement de l’étude prospective durant le sommet… Il y aura aussi des ateliers au cours desquels on va discuter de thématiques importantes. Peux-tu nous en dire plus?
Les ateliers sont là pour faire atterrir le rapport de prospective en 2023.
On veut essayer de dégager, à la lumière de ces projections-là, ce qu’on veut et comment on veut y arriver.
Chaque table aura un enjeu différent avec lequel travailler, une question pressante qui aura été au préalable identifiée par les participant.e.s en amont du sommet.
Et une fois qu’on aura reformulé cette question, on se met en mode solution. C’est une solution collective. On devra bâtir la solution ensemble. Chaque table va amener des morceaux de solution, va générer de nouvelles solutions à plusieurs cerveaux pour être capable après ça de la peaufiner, de la modéliser, de s’assurer qu’on réponde bien à la problématique qui est présente.
Le sommet Xn sert à s’inspirer du futur pour répondre adéquatement aux enjeux du présent. C’est bien important de faire atterrir cette prospective en 2023 afin de s’assurer de prendre des décisions qui vont durer dans le temps.
C’est un exercice collaboratif, donc ceux et celles qui veulent faire partie de la solution doivent participer au Sommet Xn.
Absolument!
Les solutions ne peuvent venir que des participant.e.s. Xn est une organisation qui représente des membres et qui s’inscrit dans l’écosystème de l’industrie. Personne ne veut travailler en silo.
Ça doit être un exercice collectif, collaboratif et participatif parce que ce secteur d’activité est constitué d’un groupe de personnes qui tentent de s’orienter collectivement dans la même direction. Donc, plutôt que de convaincre ces gens d’une direction qui aurait été prise de façon unilatérale, décidons-la ensemble! Ainsi, ça sera pas mal plus facile de mobiliser tout le monde vers l’atteinte de ces objectifs.
En savoir plus
L’événement affiche COMPLET. Vous pouvez toutefois vous inscrire à la liste d’attente au cas où des places se libéreraient.
Visitez le site web de la Société des demains.
Le Sommet Xn est une initiative de Xn Québec, présenté par la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC). L’événement bénéficie du soutien financier de la Ville de Montréal, du ministère de la Culture et des Communications, de SYNTHÈSE, du Fonds des médias du Canada et de la Caisse Desjardins de la Culture. Il est réalisé avec l’appui de Zú Montréal et L’Effet Québec : Pôle d’expertise en exportation.
David Lamarre