Réalisé avec le soutien financier de Export Québec, la Ville de Montréal et le Fonds des médias du Canada
Les opinions, les constatations, les conclusions ou les recommandations exprimées dans ce document sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles d’Export Québec, de la Ville de Montréal ou du Fonds des médias du Canada. Export Québec, la Ville de Montréal et le Fonds des médias du Canada ne sont aucunement tenus de suivre les recommandations figurant dans ce document.
Ce document a été préparé par Yuani Fragata et Francis Gosselin du Groupe Sage et Danielle Desjardins de La Fabrique de sens pour le compte de Xn Québec.
Consulter la version complète du Premier profil de l’industrie de la créativité numérique du Québec.
Objectif
L’objectif de cette étude est de circonscrire le profil d’un secteur industriel jeune et dynamique, dont l’émergence depuis une trentaine d’années est, depuis 10 ans, marquée par une croissance accélérée.
Le secteur de la créativité numérique est organisé autour de la production — à des fins commerciales — de contenus et d’expériences ayant recours à de nouvelles technologies, et dont la portée a été amplifiée par l’arrivée de l’Internet et du web. Bref, c’est le premier portrait d’un secteur complexe, agissant au sein d’un écosystème qui l’est tout autant et dont les principaux paramètres sont en grande partie déterminés par de grandes plateformes transnationales étrangères.
Pourquoi « créativité numérique » ?
La créativité est la matière première du secteur profilé ici et le terme « numérique », s’il est devenu un mot passe-partout qui peut désigner autant des outils et des moyens de communication que des concepts abstraits (comme « révolution » et « culture »), s’est imposé pour parler de tout ce qui fait partie de l’ADN des entreprises de notre étude, qu’il s’agisse des technologies utilisées, des modes de production, de distribution et de diffusion, des contenus ou des produits.
Dans ce secteur, technologie, créativité et culture sont étroitement liés, bien davantage que dans toute autre industrie culturelle, tandis que certains procédés, formats ou modèles d’affaires n’existaient même pas il y a 10 ans. Résultat : les activités et entreprises de ce nouveau secteur aux multiples ramifications ne sont pas compilées séparément dans les statistiques nationales, mais plutôt imbriquées par défaut dans divers secteurs et sous-secteurs.
Les secteurs culturels plus traditionnels — comme celui de la production pour la télévision et le cinéma — ont bénéficié d’un soutien important des pouvoirs publics qui a, historiquement, contribué à uniformiser les modèles d’affaires et favorisé la compilation de données consolidées pour ces domaines. Dans le secteur de la créativité numérique, les modèles d’affaires, les pratiques commerciales et les modes de financement sont variés et souvent inédits.
Dans ce contexte, ce premier profil du secteur de la créativité numérique du Québec est un profil de base, un instantané de son état actuel qui permet d’en mesurer la vitalité et de définir les indicateurs de son développement futur.
Sommaire
L’industrie de la créativité numérique du Québec : secteur dont relèvent des activités commerciales impliquant la production de contenus et d’expériences grâce à des outils informatiques et des technologies numériques.
Xn Québec (l’Association des producteurs d’expériences numériques), qui s’est donné pour mission de soutenir le développement, la consolidation et le rayonnement des entreprises de la créativité numérique, s’est associée à l’Alliance numérique et à COOP La Guilde afin de réaliser cette étude.
Le mandat donné : délimiter les contours de l’industrie de la créativité numérique, évaluer son importance économique au Québec et identifier ses principaux besoins et enjeux.
Pour y arriver, les auteurs de l’étude ont sollicité la participation des 270 entreprises membres de ces trois groupes. Soixante-sept d’entre elles ont accepté de participer à une entrevue semi-dirigée. Les répondants ont également reçu un lien vers un sondage anonyme en ligne qui portait sur des éléments plus sensibles, dont la dimension financière de leurs activités.
À partir des entrevues menées, des données recueillies par le biais du sondage anonyme et en analysant les données fournies par les Comptes nationaux de Statistique Canada, il est possible de brosser le portrait suivant des entreprises du secteur:
C’est un secteur dynamique qui contribue à hauteur de 1,2 milliard de dollars canadiens (G$ CA) à l’économie québécoise, et son ampleur croît à un taux de plus de 13 % par année.
Il est constitué d’entreprises jeunes, qui ont une moyenne d’âge de 10 ans et parmi lesquelles 20 % ont moins de trois ans.
En tant que secteur d’emplois qualifiés, il contribue à la création de plusieurs dizaines de milliers d’emplois directs, et la croissance de l’emploi dans le secteur augmente de plus de 10 % chaque année au Québec.
Plusieurs entreprises fonctionnent selon un modèle hybride entre production originale et production de service : 38 % ont ainsi pu s’autofinancer.
35 % d’entre elles se consacrent à une seule activité, principalement dans les secteurs du jeu vidéo et des activités de communication corporative (production vidéo, communications et marketing), tandis que 22 % maintiennent cinq activités ou plus.
Le secteur de la créativité numérique est en forte croissance :
La marge bénéficiaire nette déclarée par 42 % des répondants était supérieure à 10 % en 2018 (alors que seulement 20 % des firmes atteignaient ce niveau en 2015).
Hormis le Québec, les principaux marchés d’exportation se situent en Amérique du Nord, et en Europe dans une moindre proportion.
Près de 4 entreprises sondées sur 10 (39 %) sont présentes en Chine.
Les marchés en dehors du Québec qui les intéressent le plus sont l’Amérique du Nord et l’Europe. Parmi les entreprises qui ne sont pas présentes en Chine, moins de 10 % ont exprimé un intérêt envers ce marché.
En ce qui a trait à l’incidence du secteur sur l’économie du Québec, les dernières données dont nous disposons avec un degré de granularité relativement proche de celui de notre échantillon sont celles de la sous-catégorie « Médias interactifs »; elles datent de 2016.
Selon Statistique Canada, ce regroupement d’activités :
Des exportations en croissance
Sans surprise, l’enjeu principal identifié par les répondants est celui de la main-d’œuvre, et en particulier la main-d’œuvre spécialisée. Ce défi s’exprime tant en termes de recrutement que de rétention et de formation.
Plusieurs dirigeants interrogés ont également mentionné que la recherche de financement était compliquée par le faible niveau de compréhension des réalités du secteur au sein des organismes publics et privés.