L’innovation sous toutes ses formes à l’ONF


L’innovation sous toutes ses formes à l’ONF

Publié le 16 juillet 2024    access_time 5 minutes

«L’ONF ferme ses studios interactifs», titrait Radio-Canada le 24 janvier 2024. Cet article témoignait de la fin abrupte de cette branche de l’ONF, qui a accueilli plus de 500 artistes et contribué à la production de plus de 200 œuvres novatrices en 15 ans.

Dans le communiqué de presse expliquant la décision, on apprenait que les fonds auparavant réservés aux projets interactifs allaient être réinvestis dans la production de documentaires et de films d’animation, mais aussi dans la mise en place d’un laboratoire dédié aux initiatives innovantes.

Afin d’expliquer les tenants et aboutissants de ces importants changements, Suzanne Guèvremont (présidente de l’ONF), Louis-Richard Tremblay (directeur, laboratoire d’innovation) et Stéphanie L’Écuyer (directrice générale adjointe de la création) ont participé à une rencontre virtuelle avec les membres de Xn Québec, le 13 juin dernier.

La mission de l’ONF

Jeanne Dompierre, directrice générale de Xn Québec, a mis la table à la conversation en rappelant que la fermeture des studios interactifs de l’ONF a créé des remous dans le secteur. «À la suite de cette annonce, nos membres nous ont interpellés pour ouvrir un dialogue avec l’équipe de l’ONF», relate-t-elle. Elle se réjouit que l’appel ait été entendu et que Suzanne Guèvremont, Louis-Richard Tremblay et Stéphanie L’Écuyer se soient rendus disponibles pour discuter ouvertement et de façon constructive des changements importants qui ont cours au sein de l’ONF.

D’emblée, Suzanne Guèvremont mentionne que son organisation évolue dans un contexte budgétaire «où il faut tirer profit de nos ressources et être le plus efficient possible». Ce faisant, des décisions «audacieuses», comme celle de fermer les studios interactifs de l’ONF, s’imposaient.

Elle note toutefois que ce choix ne ferme pas la porte à l’innovation. Au contraire, elle assure vouloir y réserver une place privilégiée. Plus précisément, elle remarque que l’importance de l’innovation a toujours été implicite au sein de la mission de l’ONF. Elle travaille à faire en sorte que cet aspect soit plus ouvertement défini. 

La présidente rappelle que le rôle principal de son organisation demeure la production et la distribution d’œuvres documentaires et d’animation.

De surcroît, cette mission comporte les volets suivants:

  • – L’innovation
  • – La préservation et l’archivage du catalogue de l’ONF
  • – Le développement des talents
  • – L’éducation
Crédit photo: Stéphane Brügger

Le laboratoire d’innovation de l’ONF

Louis-Richard Tremblay dirige un tout nouveau laboratoire qui a pour but de «contribuer concrètement à accélérer l’adoption de pratiques et de processus  innovants». Il poursuit en expliquant que ce travail permettra de «participer à la consolidation d’une culture d’amélioration continue». Il est donc davantage question d’optimiser les façons de faire que d’en inventer de nouvelles. Il dirige une équipe de six personnes, dont la plupart sont entrées en poste au début du mois de juin. 

Louis-Richard Tremblay tient à ce que ce nouveau laboratoire soit agile. Il dit «rechercher un maximum d’occasions d’innovations». Plus précisément, l’équipe du laboratoire ira jusqu’à construire des prototypes qui permettront de tester les fonctionnalités souhaitées.

Il accorde également une importance particulière au partage des apprentissages. Les tests réalisés permettront de faire des recommandations au sein de l’ONF, mais aussi à l’ensemble de l’industrie audiovisuelle canadienne. Pour faciliter une appropriation rapide, l’accent sera mis sur la documentation de ces nouvelles solutions. 

Il envisage cinq axes prioritaires pour le laboratoire:

  • – L’engagement
  • – Les formats actuels et émergents
  • – La mise en marché
  • – La distribution et la découvrabilité
  • – La recherche de nouveaux outils et de nouveaux processus (axe transversal, en interaction avec les quatre autres)

En guise d’exemple, il note un partenariat tissé avec le Mila afin d’explorer une chaîne de production augmentée par l’intelligence artificielle.

Crédit photo: Stéphane Brügger

Les questions des membres de Xn Québec

Les premières questions sont venues de Vincent Morisset, fondateur du studio AATOAA. Rappelons que «le réalisateur et inventeur»* était présent en 2009 au tout début des activités des studios interactifs de l’ONF, signant notamment les œuvres Jusqu’ici et Bla Bla. Il s’interroge sur la façon dont les œuvres interactives seront préservées.

Louis-Richard Tremblay insiste sur le fait que les créations interactives font partie du catalogue de l’ONF à part entière et qu’à ce titre, elles seront préservées soigneusement. Il en sera de même pour toute la documentation entourant ces projets. Toutefois, en ce qui concerne les installations, l’équipe de l’ONF n’a pas les ressources pour conserver tout ce qui a été construit.

Vincent Morisset cherche aussi à comprendre quelle sera la place réservée aux formats non-linéaires dans les années à venir à l’ONF.

«On ne ferme pas la porte à tout ce qui est interactif», note Suzanne Guèvremont. Elle ajoute cependant que tout ce qui demande d’être bâti – comme des installations en espace public – n’est plus envisageable.

Le producteur balado Denis Martel prend le relais en questionnant le trio de l’ONF sur la place des créateur.rice.s de contenus indépendants dans leur vision. Il cite en guise d’exemple «les youtubeurs, podcasteurs et streameurs».

Sans se prononcer sur des possibilités de collaboration, Louis-Richard Tremblay dit avoir un œil tourné vers ces créateur.rice.s de contenus, puisque leur démarche aborde intrinsèquement les questions de la distribution et de l’engagement qui sont au cœur des préoccupations du  laboratoire.

Suzanne Guèvremont renchérit en insistant sur l’importance d’avoir une approche «organique». On sent la priorité pour l’organisme de faire preuve d’agilité afin de se positionner, comme le mentionne la commissaire à la cinématographie, «en avant de la parade».

À son tour, la productrice Vali Fugulin demande: «quelle est la porte d’entrée» pour les producteur.rice.s d’expériences numériques?

«Ce sont toujours nos producteur.rice.s, que ce soit un producteur.rice en animation ou en documentaire», répond Suzanne Guèvremont. Louis-Richard Tremblay précise qu’il n’y a pas de producteur.rice.s au sein de son équipe. Il est toutefois ouvert à recevoir des propositions d’innovation directement. Il évaluera celles-ci avec Richard Cormier, directeur général de l’ONF, et le codirecteur du laboratoire, Rob McLaughlin. 

Le mot de la fin

Pour conclure, Suzanne Guèvremont a tenu à souligner les efforts de Xn Québec pour l’organisation de la séance de discussion: «c’est la bonne manière de faire les choses et je vous en remercie».

Elle encourage aussi les membres de Xn Québec à voir ce changement de façon positive. «Il faut garder en tête que c’est quelque chose qui débute, rappelle-t-elle. Ça va évoluer, ça va grandir. On sera toujours à l’écoute des commentaires constructifs».

Auteur.rice

Avatar photo   David Lamarre

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